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Un objet connecté pour rendre le miel tunisien célèbre

Un objet connecté pour rendre le miel tunisien célèbre

Khaled Bouchoucha au bureau
Pour Khaled Bouchoucha, le bureau c'est la nature (via Christine Petré)

Il y a exactement un an, en juillet 2014, Khaled Bouchoucha quittait son poste de manager dans l’aéronautique pour commencer sa propre entreprise, dans l’apiculture ! « Des avions aux abeilles... Dans les deux cas, ça vole » rigole t-il. Les similarités s’arrêtent ici. 

C’est en voyant son père se plaindre du taux de décès de ses abeilles que le trentenaire est pris d’une idée : « Et si on mettait une carte électronique dans les ruches pour en surveiller les conditions ? » Cela a peut-être fait rire son père qui le pensait fou mais Khaled était convaincu. Il se lance donc à plein temps dans l’aventure. Depuis il a reçu plusieurs investissements, prix et récompenses. 

A l’écoute de ses clients

Pour le jeune entrepreneur, l’apiculture tunisienne rencontre deux problèmes - le management et la distribution – auxquels il compte répondre avec IRIS Technologies.

En intégrant une carte électronique dans chaque ruche, IRIS pourra surveiller la température et l’humidité dans chaque ruche, analyser les résultats et envoyer des recommandations aux apiculteurs par SMS afin d’améliorer à la fois le rendement de chaque ruche et la qualité du miel.

Cette carte, équipée d’un GPS, permettra aussi à l’apiculteur de savoir où sont ses ruches et, ainsi, de se protéger contre le vol des ruches, un problème courant en Tunisie, explique Khalid Bouchoucha.

Au départ, l’entrepreneur souhaitait vendre son service aux apiculteurs, sans succès. « Beaucoup d’apiculteurs ne croient pas en la technologie » a t-il noté. L’ingénieur a donc dû prendre le temps de construire une relation de confiance avec ces apiculteurs et dû se résoudre à offrir sa technologie gratuitement.

En complément de son objet connecté, l’entrepreneur va ouvrir un centre de formation. « Tu ne peux pas donner une Ferrari à quelqu’un qui ne sait pas conduire » justifie t-il.

Faire connaître le miel tunisien

C'est important, explique le Tunisien, car le potentiel est grand. Selon l’Institut National de la Statistique, la Tunisie exporte 52 454EUR de miel par an alors qu’elle en importe 1 194 272 EUR de la Chine ou d’Espagne. Et, en moyenne, les apiculteurs tunisiens produisent 8kg de miel par ruche par an contre 30kg par ruche en Europe ! Les 16 000 apiculteurs tunisiens, essentiellement des amateurs qui gèrent leurs ruches après leur travail, ont donc une belle marge de progression devant eux.

La qualité aussi peut être améliorée. Il faut une marque de miel de qualité, estime Khalid. L’entrepreneur veut donc dans un second temps acheter aux apiculteurs qu’il a aidé du miel qu’il regroupera sous une même marque et dont il s’occupera du marketing et de la distribution. L’objectif : monétiser son travail bien sûr mais aussi rendre le miel tunisien connu à l’étranger.

Khaled Bouchoucha reçoit le prix de l'entrepreneur de l'année
Khaled Bouchoucha reçoit le prix de l'entrepreneur de l'année (via IRIS)

Savoir s’entourer

Quand il a commencé IRIS en juillet 2014, Khalid ne connaissait rien à l’entrepreneuriat. « Tout ce que j’avais, c’était Google » rigole t-il. Un an plus tard, sa vision lui a permit de remporter de nombreux prix, comme le prix de l’entrepreneur de l’année porté par QFF, le Qatar Friendship Fund, ou le concours Univenture en 2014.

Ce succès, il le doit en partie à son entourage. Avoir un mentor est aussi important qu’avoir de l’argent, estime Khaled Bouchoucha. Son mentor, qu’il a rencontré à travers le programme allemand Enpact, lui a d’ailleurs conseillé de ne pas mettre tous ces œufs dans le même panier et d’avoir plusieurs investisseurs. « Les investisseurs peuvent être des requins » soutient Khaled qui estime qu’ils peuvent utiliser les entrepreneurs comme des ingénieurs si tant est qu’ils ne s’y connaissent pas en business ou juridique.

Aujourd’hui, IRIS compte cinq investisseurs Wiki Startup, Carthage Business Angels, INTILAQ, Souk at-tanmia et Enpact Mentoring, ce qui lui a permis de recruter sept personnes.

« Nous avons une bonne équipe et nous croyons en ce que nous faisons », voici pour le CTO Marwa Hassoumi, la raison du succès de l’entreprise.  Leur soucis constant d’« améliorer et optimiser » en est une autre.

A l’heure actuelle, IRIS teste son produit avec 10 apiculteurs. Son miel a déjà attiré l’attention d'acheteurs, mais l’entrepreneur a refusé toutes les demandes estimant que la qualité du miel produit grâce à sa technologie n’était pas encore suffisante. « Je suis la philosophie de Steve Jobs » explique t-il en souriant. Après sept mois de test, le produit est bon mais on peut encore l’améliorer, estime t-il.

L’apiculture n’est que les débuts. Dans le futur, Khalid Bouchoucha souhaite déployer sa technologie à l’agriculure, un secteur important pour la Tunisie qui pourrait bénéficier d’une amélioration de la productivité et de la qualité. 

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