Qleek, l'OVNI en bois qui veut réconcilier vinyl et musique digitale, lance sa campagne IndieGogo
Alors que j’écris cet article, j’écoute une playlist sur Spotify ; en face de moi, ma bibliothèque ne compte que quelques CDs que je n’écoute plus et des DVDs datant d’il y a quelques années qui ne servent qu’à engager la discussion avec les amis de passage. Le plaisir de chercher le bon album ou la bonne playlist dans une belle bibliothèque bien remplie a disparu.
Entre en scène Qleek.
Qleek est un produit qui veut réconcilier l’interactivité et la puissance de la musique digitale avec la proximité et l’émotionnel du vinyl. Qleek fait partie de ces produits qui veulent rematérialiser Internet.
Qleek est composé de petits hexagones en bois personnalisables appelés "Tapps” et d’une base. Chaque hexagone correspond à une playlist Spotify, un dossier Dropbox, une chaîne Youtube, une série sur Netflix ou encore un album photo pour ne citer que quelques options. Il suffit de poser le tapp sur sa base pour qu’il se mette, automatiquement, à lire les fichiers correspondants, sur une télé, une chaine hifi ou un casque audio, en fonction du contenu, grâce à une puce NFC. Le design est soigné, les tapps et la base sont en bois - car le bois dans la tech c’est chic, comme l’a déjà prouvé le chéri des médias, Orée.
Les utiiisateurs peuvent personnaliser les tapps d'un visuel imprimé ou d'un titre gravé sur le bois. Il suffit de se rendre sur le site web de Qleek et d’indiquer le contenu et le visuel désiré et le support de lecture choisi (télé ou enceintes, par exemple). Chaque tapp devrait coûter 6$ et être envoyé sous 24h. Les utilisateurs pourront sinon opter pour des tapps ré-inscriptibles dont ils pourront modifier le contenu à tout moment, à nouveau sur le site internet.
Il ne s’agit donc pas d’acheter du contenu mais de donner une forme matérielle et personnelle à notre contenu digital. Une forme matérielle que l’on peut toucher et regarder, que l’on peut exposer chez soi ou offrir en cadeau ; comme un CD, un DVD, un vinyl, mais en plus puissant.
Un projet franco-algérien aux retombées internationales
Qleek est le premier projet d’Ozenge Studios, créé par Ismail Salhi, un docteur en informatique algérien venu en France pour son master, et de Johanna Hartzheim, une designer diplômée de la prestigieuse école de design française ENSCI Les Ateliers, rejoint par la suite par le maker industriel Pierre-Rudolf Gerlach.
Qleek a été incubé et financé à hauteur de 30 000€ par l’incubateur Paceim destiné aux Maghrébins et Libanais diplômés de l’enseignement supérieur français, une aide qui fut très bienvenue nous explique Johanna Hartzheim : « Paceim nous a aidé très tôt, et nous a permis de nous lancer, faire les premiers prototypes, et valider l’idée ». Le service a ensuite été accéléré au sein de l’accélérateur français Le Camping.
Un modèle de campagne IndieGogo
Depuis la semaine dernière, les premiers Qleek peuvent être commandés grâce à une campagne IndieGogo. Le kit composé d’une base et de cinq tapps coûte 249 USD, une offre d'entrée pas donnée donc, qui s’explique par la nouveauté du produit et la qualité des matériaux et du design, justifie Johanna. La date de livraison est estimée à décembre 2014.
Cette campagne IndieGogo mérite une visite, ne serait-ce que pour son travail d’explication du projet et son design, encore une fois, soigné ; un modèle à suivre. Le point fort : des petites vidéos de quelques secondes sur différentes thématiques.
La campagne a été très rapidement relayée dans la presse internationale, de TechCrunch à Fast Company.. Un succès médiatique que Johanna explique par quatre facteurs :
- L’incubation au sein du Camping les a placés au centre de l’attention de certains journalistes.
- L’équipe a travaillé au quotidien pour faire connaître le produit. « C’est notre travail de tous les jours de parler du projet partout, tout le temps, et c’est quelque chose qui se construit au fur et à mesure », explique la designeur.
- « Le projet touche à des sujets et des problématiques très actuelles : la perte d'émotion engendrée par le numérique et sa froideur, l'internet des objets », explique la jeune femme ; « Qleek est finalement un prétexte pour réfléchir sur un problème plus profond », comme dans cet article de Quartz où introduire Qleek permet de parler de re-matérialisation d’internet et de technologie iBeacon.
- Le design du projet fait sortir le produit du lot.
La presse tech américaine est unanime : c’est une belle idée avec une super exécution et un design irréprochable mais ce n’est pas suffisant pour que cela prenne. Fast Company n’y va pas par quatre chemins : « Qleek ne va probablement pas marcher. L'idée […] est fascinante. Mais ce sera difficile de convaincre des gens de dépenser de l'argent pour un système dont ils n'ont pas besoin pour écouter du contenu digital qu'ils possèdent déjà ». C’est probablement ce qu’il va se passer.
Pourtant, ce ne serait pas le première fois que la presse se trompe. Et, en attendant, Qleek a déjà levé 37 000 USD en 9 jours et devrait prochainement atteindre son objectif de 70 000USD.