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7 conseils d'entrepreneurs marocains pour créer l'employé parfait

7 conseils d'entrepreneurs marocains pour créer l'employé parfait

Combien de temps vos employés continueront-ils à travailler si vous ne pouvez plus les payer ?

Pour Yassine El Kachchani, fondateur de LaCartePlz.ma, maintenant Doofry.com, un service de livraison de repas en temps réel au Maroc, la réponse est : au moins huit mois ! Pendant huit mois, en effet, son équipe a continué à venir travailler chaque matin, sans être payé, contraint à manger du riz et à faire face aux critiques de leur familles. Des cinq employés, quatre, ainsi que deux stagiaires non rémunérés, ont tenu jusqu'à ce que LaCartePlz recoivent le prêt à 0% promis par le CMI (la lenteur du fonds n'est qu'une des nombreuses critiques formulées à l'encontre du CMI par les entrepreneurs marocains).

Comment crée t’on une équipe aussi soudée et dévouée dans un écosystème aussi jeune ?

Les entrepreneurs du monde arabe ont tous de grandes difficultés à trouver les employés dont ils ont besoin. Mais au Maroc, le recrutement s'avère peut-être encore plus difficile dû au jeune âge de l'écosystème startup web.

Le Maroc ne manque pas de professionnels compétents, m’explique Yassine El Kachchani, mais ils cherchent généralement un poste stable dans une grosse entreprise.

Lors de notre événement Mix N’ Mentor Casablanca, deux entrepreneurs reconnus et respectés par leurs pairs nous ont expliqué leur stratégie pour créer des équipes fortes : s’il n’y a pas suffisamment de candidats adéquats, il faut les créer.

Si l’employé parfait n’existe pas, créez-le !

1. A la recherche de stagiaires : Youssef El Hammal connaît bien les problèmes de recrutement, en avril 2012, il a créé stagiaire.ma, une plateforme qui met en relation étudiants et recruteurs.

Pour l’accompagner dans ce projet, il cherche des profils seniors, sans succès. Aucun sénior n'a de l’expérience startup et beaucoup ont une mentalité ‘costume/cravate et stabilité’ incompatible avec l’esprit startup, explique t’il. Les rares qui se laissent convaincre par les opportunités d’une startup ont tendance à se dire "si c’est si intéressant, autant me lancer à mon compte" ?

Après quelques essais décevants, Youssef décide de se passer de séniors et de se tourner vers des étudiants en fin de cycle. Ceux-ci, n’étant pas encore passés par des grosses boites, sont plus ouverts d’esprit, plus créatifs et plus prêts à prendre des risques.

Ils ont besoin de beaucoup d’encadrement, avoue Youssef. Ils doivent apprendre le métier et apprendre à devenir professionnels, mais ils sont très motivés et ont envie d’apprendre, d’autant qu’ils savent qu’ils auront plus de responsabilité, apprendront plus chez Stagaires.ma et auront plus vite la possibilité d’être promu que dans une entreprise plus classique.

Les stagiaires ou jeunes employés sont aussi moins exigent en terme de salaire, d’autant qu’au Maroc, ils vivent chez leurs parents.

Du côté de LaCartePlz, certains membres de l'équipe ne sont pas forcément passés par la case stagiaire mais tous sont rentrés avec peu d'expérience professionelle.

2. Les convertir à la pensée startup : Plus les candidats sont nombreux, plus il y a de chances de trouver une personne créative et exigeante qui pense "outside the box", explique Yassine El Kachchani de LaCartePlz. Il décide donc de rendre son projet connu en lançant une campagne de communication pré-lancement construite autour d'une vidéo de présentation afin de présenter le produit et d’attirer les candidats par l’identité décontracté, exigeante et innovante de LaCartePlz. La vidéo est vite reprise pas les autres membres de la communauté permettant de toucher de nombreux candidats potentiels.

Yassine sait qu’il aura du mal à trouver des personnes passionnées par cette industrie ou ayant de l’expérience. Il décide donc de chercher des personnes sans expérience startup mais flexibles, créatives et extraverties. A lui, ensuite, de les convertir à la mentalité startup en leur imposant deux semaines de lecture intensive de blogs tech américains auxquelles ils ne pourront que devenir accro.

3. Prendre son temps :  Avant d'investir autant de temps à les former, mieux vaut être sûr qu'ils aient la qualité requises. Pour Youssef El Hamal de Stagaires.ma, il vaut mieux prendre le temps de recruter la bonne personne plutôt que perdre du temps à devoir recruter un remplaçant quelques mois plus tard. Youssef se force à attendre deux mois avant de prendre une décision afin de faire passer une quarantaine d’entretiens et d’y voir plus clair quant au profil qu’il veut. 

Fidéliser ces perles rares

Les entrepreneurs doivent ensuite trouver des moyens de motiver leurs employés et de leur donner envie de rester - même si la startup traverse une mauvaise passe ou que les grosses entreprises tentent de les débaucher – malgré des salaires bien inférieurs à ceux de ces grosses boites. Pour cela, les deux entrepreneurs comptent sur l’affectif.

4. Donner du sens à leur travail : Pour Yassine de LaCartePlz, il n’y a pas de secret, il faut que l’équipe croie au projet et à son potentiel, que chaque membre soit conscient de son rôle. Il y a une certaine satisfaction à travailler pour une startup, à voir l’effet direct de son travail, à faire partie d’une équipe, d’un projet, qui pourrait, qui plus est, devenir énorme.

C’est là que le charisme de l’entrepreneur rentre en jeu. « Il faut motiver son équipe quotidiennement, leur parler de façon régulière afin de s’assurer que toute l’équipe soit sur la même longueur d’onde et de les convaincre que nous allons y arriver, m’explique Yassine. »  

5. Leur donner une raison d’être fier : Youssef El Hammal croit à la méritocratie, si ses stagiaires ou employés font du boulot, il n’hésitera pas à les féliciter et à reconnaître leur rôle dans la réussite du service. Au point qu'ils sont montés sur scène lorsque Stagiaires.ma a été élue Start-up de l’année aux Maroc Web Awards 2013.

6. Leur offrir une deuxième famille : « On fait partie d’une même famille, m’affirme Youssef. » Les employés ne croient pas qu’au projet, ils croient aussi à l’équipe. Même son de cloche chez LaCartePlz. Yassine se rappelle avec émotions de l’époque où il ne pouvait payer personne : «  On était toujours ensemble, on bossait, on bossait, on n’avait pas de vie sociale et tant mieux, on avait pas d’argent pour ça. » Cette solidarité leur a permit de survire cette traversée du désert, appuie Yassine : « Personne n’abandonne sa famille même quand les temps sont durs. »

7. Leur permettre de s’épanouir : Un employé épanoui est un employé efficace. Youssef le sait, il fait donc en sorte que ses employés se sentent épanouis professionnellement et personnellement. Il discute souvent avec eux de leur plan de carrière que cela soit chez Stagiaire.ma ou ailleurs. Il leur laisse aussi du temps pour travailler à leurs projets personnels et leur offre ses conseils.

Youssef s’assure aussi qu’ils soient heureux dans leur vie personnelle. Il fait attention à ce qui les motive et fait en sorte que ces ‘drivers’ soit satisfait. Youssef, a par exemple, n'hésite pas à encourager les membres de son équipe en les aidant dans la réalisation de leur passions

Ont-ils eu raison de rester ?

L’équipe de LaCartePlz n’a pas baissé les bras et semble avoir vu juste. A part un employé qui a dû quitter pour des raisons financières, tous les employés sont restés. Depuis janvier, ils travaillent sur le pivot du service. LaCartePlz a laissé place à Doofry, une plateforme permettant de créer un site de commande en ligne pour son restaurant, une sorte de shopify pour restaurants.

Chez Stagiaires.ma, les stagiaires semblent aussi convaincus. Des 3 stagiaires originaux, deux ont été embauchés et un 3ème se concentre, avec l’aide de Youssef, sur la création de sa propre entreprise tout en restant prestataire pour stagiaires.ma. Youssef emploie aussi 2 stagiaires. Deviendront-ils eux aussi à la mentalité startup ?

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