Une plateforme de equity crowdfunding pour le Moyen-Orient
Le succès et l’enthousiasme qui a entouré le crowdfunding ont ammené plusieurs plateformes dans le monde à se lancer sur un nouveau modèle : le crowdinvesting. Au lieu de donner, les membres investissent. Au lieu de recevoir des t-shirts, les membres recoivent des parts de l’entreprise.
Les rares plateformes de crowdinvesting, dont le célèbre
WeFunder, limitent leur champ d’action à un pays. Eureeca change tout ça.
La plateforme basée à Dubaï vient de sortir de sa
phase bêta avec le lancement aujourd’hui de la première
plateforme de crowdinvesting mondiale. Si la plateforme est
disponible dans tous les pays du monde (à l’exception des
Etats-Unis), l’équipe concentre pour l’instant ses efforts en
marketing et communication sur le monde arabe, puisqu’elle a été
officiellement lancée dans les Emirats, en Jordanie et au Liban.
Joanne Kubba, la responsable de la stratégie, des partenariats
et de la communication chez Eureeca, explique que l'entreprise a
« une stratégie de développement sur 18 mois qui incluera
différents pays » même si la liste n’a pas encore été
décidée.
Un service qui va tout changer pour le Moyen-Orient ?
Chris Thomas, le co-fondateur de Eureeca, peint un portrait
plutôt sombre des options d’investissement pour les petites
entreprises. « Les banques ne prêtent plus, les VCs ne
financent plus que des entreprises plus larges. Il y a un vide qui
ne peut pas être uniquement comblé par les amis et la
famille. »
Pourtant, l’économie a besoin de ces petites et moyennes
entreprises puisqu’elles créent 50% des emplois dans le monde
entier selon l’IFC.
Ce portrait est sûrement un peu extrême, après tout des options
comme le Wamda Capital Fund ont vu le jour récemment, mais Chris
Thomas, un ancien de la banque d’investissement, comme son
co-fondateur Sam Quawasmi, croit au pouvoir du participatif.
« Nous développons l’idée des “amis et la famille”
online. » explique t’il. Eureeca souhaite aider les
entrepreneurs à profiter de leurs réseaux en ligne.
Depuis le lancement de la version bêta en juillet 2012, l'équipe a
« été submergé par le nombre de personnes intéressées, »
annonce, entousiaste, l’entrepreneur. Plus de 400 PME ont
candidaté, venant de secteurs aussi variés que l’ecommerce, les
boissons et la restauration, les nouvelles technologies et le
commerce de proximité. Eureeca espère aider 100 PME à trouver des
financement d’ici la fin de 2013, et plus 300 d’ici la fin de
2014.
Qui peut participer ?
N’importe quelle entreprise peut rejoindre la plateforme à
condition qu'elle puisse présenter suffisamment d’informations pour
convaincre les particuliers d’investir. « Nous faisons
confiance à nos membres pour investir dans les bonnes PME, »
m’explique Chris Thomas. Les entrepreneurs ont alors 90 jours pour
atteinre 100% de leur objectif de financement. Sinon, les
investisseurs seront remboursés.
La plateforme est ouverte à tous les individus de plus de 18 ans désirant investir, cependant Eureeca effectue d’abord quelques vérifications pour s’assurer de leur sérieux. La pluparts des investisseurs ayant montré un intérêt pour la plateforme sont à ce jour des personnes connaissant déjà personnellement ou via un ami l’entreprise à laquelle ils sont intéressés.
Les droits des investisseurs varient selon les entreprises. Eureeca offre des modèles de contrat, mais cela reste aux entrepreneurs de décider de leur règles en ce qui concerne les droits de vote et le montant de chaque investissement.
Est-ce sûr ?
Beaucoup de sceptiques ont discuté des dangers de ce modèle.
Certains mettent en avant les risques d’arnaque,
le crowdinvestment pouvant permettre à certains de
passer outre certaines lois renforcant la securité des
consommateurs.
Pour éviter cela, Eureeca effectue des recherches sur les
fondateurs et les startups qui s’inscrivent. Si la plateforme
estime que l’entreprise est suffisamment solide pour être financée,
alors Eureeca met en ligne le profil de l’entreprise incluant le
business plan, l’executive summary, les prévisions financières, les
comptes financiers précendents, les CVs et bios des fondateurs et
du management. « Nous avons besoin de créer un marché sûr pour
les PMEs et les investisseurs » insiste Chris Thomas.
A ceux qui disent que les investisseurs ne connaissent rien aux business models, Chris Thomas réponds que la plupart des investisseurs du site connaissent personnellement le fondateur et compte sur cette connaissance pour détérminer la viabilité du business model et les risques qu’ils prennent.
Est-ce une bonne nouvelle pour les startups ?
Beaucoup d’entrepreneurs ont besoin de plus que des fonds, ils ont besoin d’accompagnement pour les aider. Le fondateur de la plateforme n’est pas de cet avis. « La plupart des entrepreneurs veulent seulement lever des fonds et qu’on les laisse tranquille. » explique t’il, avant d’ajouter : « Il y a d’autres moyens de trouver des mentors, il n’est pas nécessaire de les faire venir avec un investissement. »
De plus, les startups pourraient être confrontées à des difficultés pour expliquer les regroupements de parts « bundled equity » aux futurs investisseurs.
Cependant, pour prouver leur vision et gagner en crédibilité, les fondateurs ont fait venir dans leur conseil des grands noms : Dr. Nasser Saidi, ancier Economiste en chef du Dubai International Financial Centre (DIFC), Bruce Armstrong, ancien CFO de NYMEX, et Pierre Azzam, ancien COO de Impact BBDO et fondateur et PDG de Belong Interactive.
Qu’en pensez-vous : est-ce que ce modèle pourrait aider les entrepreneurs et créer plus d’emplois ? Ou va t’il créer plus de responsabilités que ce que les investisseurs peuvent supporter ?