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Pourquoi l'espace de travail Dare Space a le potentiel de changer le Maroc

Pourquoi l'espace de travail Dare Space a le potentiel de changer le Maroc

Vue panoramique de l'espace de travail Dare à Rabat

Quelques bureaux, des murs blancs. L’espace ne paie pas de mine et pourtant, il pourrait avoir un énorme impact sur le Maroc.

Mercredi 30 juin, l’équipe du Centre marocain pour l'innovation et l'entrepreneuriat social (le MCISE) a ouvert les portes de son espace de coworking, le Dare Space, à Rabat. 

Dare – qui signifie en anglais « oser » et en dialecte marocain « faire » – n’est pas qu’un simple lieu de travail, c’est un lieu de rencontre physique pour les entrepreneurs à fort impact, un espace où ils pourront faire grandir leurs idées grâce à des rencontres, des évènements, un Fablab et un programme d’incubation.

Un espace collaboratif unique

Lancé en 2012 pour promouvoir le changement social au Maroc à travers des entreprises économiquement viables, le MCISE en a vu des entrepreneurs sociaux. Nombre d’entre eux exprimaient leur besoin d’un espace physique de rencontre, explique Adnane Addioui, fondateur de MCISE, à Wamda. Cette figure emblématique de l’entrepreneuriat marocain, invariablement habillé d’une djellaba, a été récompensé en 2014 lors du prix Karim Jazouani, décerné par Wamda à ceux qui font bouger la scène startups marocaine, pour son impact avec le MCISE et en tant que directeur d’Enactus au Maroc.

Cet espace, en plein cœur de Rabat, il l’a voulu simple. C’est la communauté qui va faire l’espace, nous explique un des invités à la soirée de lancement. Collaboratif, c’est le mot pour décrire cet espace physiquement et financièrement accessible aux jeunes entrepreneurs sociaux, aux associations et aux entreprises plus classiques, de communication, web design et autres. « Il faut de la diversité pour pouvoir innover » explique Eric Asmar, directeur des programmes chez Dare, à Wamda. 

Doté de 45 places, l’espace est destiné en priorité aux entreprises incubées mais celles-ci n’y travailleront pas toutes ou en tout cas pas à plein temps. 25 à 30 postes devraient donc être disponibles aux non incubés.


Après le travail, le réconfort pour l'équipe de Dare Inc. (de gauche à droite Jamal Touissi, Oussayd Bouayad, Eric Asma et Ilyas Aaqaoui)

L’espace offrira des formations en entrepreneuriat et en innovation sociale et des évènements. Au programme : des ateliers de coding, des ateliers de prototypage dans son fablab dès la fin de l’été, des expositions artistiques ou encore des conférences.

C’est aussi le centre des activités de Dare Inc., son programme d’incubation de projets entrepreneuriaux à fort impact.

Dare Inc., soutenir des entreprises avec une mission 

Dare Inc. aspire à soutenir, deux fois par an, 30 entrepreneurs sociaux qui se démènent pour trouver des solutions innovantes et économiquement viables aux défis sociaux pressants du Maroc.

Lancée en mai 2015, la première promotion de Dare Inc. compte 22 startups à fort impact qui bénéficient de formations, de mentoring et d’une aide au financement, soit en direct pour les projets les plus jeunes, avec une aide de 30 000 dirhams (environ 3 000$) à la fin du programme, soit à travers le réseau d’investisseurs nationaux et internationaux de Dare et une plateforme de crowdfunding à venir, pour les projets plus matures.

Les startups sont réparties sur trois « tracks ». Le premier programme permet aux porteurs de projets de développer, en deux mois, une idée et d’en tirer un premier prototypage ; le second de déployer un MVP et un modèle économique et de créer une entité juridique en trois mois ; le troisième de développer un business model et d’attirer des investisseurs au bout de trois mois. Les startups peuvent enchainer les tracks et ainsi obtenir un accompagnement total de huit mois.

Si le programme a été longuement pensé, il n’est pas pour fixé à l’avance. « On ne croit pas aux programmes organisés, on n’a pas de programme type, ni de module, explique Adnane. On définit les besoins et ensuite on définit les résultats. »

Si les incubés n’auront pas à débourser pour profiter du lieu de travail, des formations et de l’accompagnement, ils devront en revanche donner à Dare Inc. 5% de leur capital ou 2% de leur chiffre d’affaire annuellement, selon leur préférence. 

Jusqu’à présent, le MCISE a été autofinancé, vendant ses services de création de programmes et d’évènements et de conseil aux entreprises. Pour ce projet l’organisation est allée lever des fonds auprès de la fondation suisse Drosos pour assurer le fonctionnement du programme et de l’espace les deux premières années. Dare Inc. compte lever 950 000 USD pour entamer sa deuxième phase et incuber 60 startups sociales dans les cinq prochaines années.

Adnane Addioui donne le coup d'envoi de Dare Space
Adnane Addioui donne le coup d'envoi de Dare Space

L’impact pourrait être grand. Comme beaucoup d’incubateurs, Dare Inc. a pour vocation d’aider des jeunes pousses à grandir et à créer des emplois – l’équipe estime que les 60 entreprises incubées devraient créer un milliers d’emploi – mais étant donné sa vocation sociale, les entreprises soutenues pourraient aussi offrir une solutions aux problèmes sociétaux, économiques et environnementaux que rencontrent le pays.

De la formation à l’agriculture

La soirée de lancement de Dare Space a été l’occasion de présenter trois des 22 startups incubées.

GoMobile de Othmane Bekkari permet à chacun d'accéder à, d'interagir avec, de créer et de diffuser du contenu d'intérêt à travers des simples appels téléphoniques et des serveurs vocaux interactifs. Talibjob de Aboubakr Jeddioui permet aux jeunes de trouver stages. Tandis que Hydrobarley permet de faciliter le travail des agriculteurs.

Pour ces projets, l’impact de Dare Inc. s’est déjà fait sentir. « Le programme a apporté un certain nombre d'outils pratiques pour aider à la structuration du projet […], développer notre business model et affiner notre connaissance client. Dare Inc. nous a également permis de nous intégrer dans un réseau d'entrepreneurs sociaux et d'identifier des synergies potentielles et/ou des possibilités de partenariat. » explique ainsi Othmane Bekkari. 

Signe que l’entrepreneuriat social au Maroc commence à attirer les entrepreneurs, un deuxième incubateur s’apprête à voir le jour. Après avoir ouvert des antennes à Paris, San Francisco, Santiago, Tunis, entre autres, le Comptoir de l'Innovation va ouvrir ses portes en octobre/novembre à Casablanca pour soutenir des projets tech et/ou environnementaux à impact social et/ou environnemental en phase d’amorçage. L'appel à projet pour la première promotion d'incubés sera lancé à la fin de l'été. Les six projets sélectionnés seront incubés pendant un an et six autres les rejoindront six mois plus tard.

Photos via Hind Touissate, Dare 

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