AppGratis retiré de l'App Store, est-ce trop tard pour lancer une discovery app arabe ?
Vous rêvez de découvrir des applis qui rendront
votre vie plus facile ou amusante ?
Les applis de découverte d’applis sont là pour ça ! Du
français Appsfire à
l’américain Appoday en
passant par l’autre géant français AppGratis, les apps qui recommandent
des apps ont été sur le devant de la scène tech internationale ces
derniers temps.
Il faut dire que les récentes annonces d’Appgratis ont eu de quoi attirer les regards sur ce marché. Après avoir réussi à lever 13,5 millions de dollars auprès d’investisseurs internationaux de premier rang, la startup de Simon Dawlat avait assuré avoir réuni 10 millions d’utilisateurs dans le monde.
Depuis le 8 avril, l’excitation est retombée d’un coup. Ce jour-là Apple a annoncé avoir retiré l’appli aux œufs d’or de l’App Store en raison de son non-respect de la clause 2.25 et 5.6 du cahier des charges d'Apple. Ces deux clauses statuent respectivement que « toutes les applications qui affichent d’autres applications autres que celles de l’éditeur à des fins de ventes ou de promotions sous une forme proche ou permettant la confusion avec l’App Store» peuvent être retirées du Store et que « les applications ne peuvent pas utiliser les push notifications pour envoyer de la publicité, des promotions ou toute autre forme de marketing direct ».
En décembre dernier, l’appli AppShopper avait subi un sort identique. Cependant, au vu du nombre d’applications proposant des services similaires et étant toujours en ligne, on peut penser qu’Apple ne souhaite pas supprimer toutes ces applis mais seulement certaines pour des raisons qui vont au delà des clauses citées précédemment. Dans le cas d’AppGratis, était-ce parce que l’appli était devenue trop puissante ? Parce qu’elle avait atteint le marché américain ? Ou pour une toute autre raison qui ne nous a pas été divulguée ?
Est-ce que cela veut dire la fin de ce marché en général ?
Probablement pas. Il y a fort à parier que Simon Dawlat, le
fondateur, soumettra une nouvelle version de l’appli au Store.
Après tout, beaucoup d’applis reposant sur le même modèle sont
toujours téléchargeables sur le Store.
Est-ce un avertissement qu’envoie Apple aux autres
applis ?
Quoi qu’il en soit, Apple n’aurait pas pu choisir un plus mauvais
moment pour les marchés en développement. Au moment de son
retrait, AppGratis avait réussi à réunir plus de 200 000
utilisateurs dans le monde arabe, profitant de l’intérêt naissant
des arabes pour les appli mobiles.
Pour mieux comprendre ce que ce modèle pourrait apporter au monde
arabe, nous avons parlé avec Simon Dawlat avant le retrait de
l’appli.
Un mot clé : la simplicité.
Chaque jour, AppGratis met en avant une appli payante rendue gratuite pour une durée limitée à cette occasion, ainsi que des applis proposant des promos sur le prix d’achat ou sur les achats in-app.
« Nous simplifions le processus de distribution des applis
au niveau mondial, explique le fondateur. Et notre produit est
d’une simplicité enfantine. »
Le produit est simple, le ton employé par les rédacteurs est sympa
et marrant. Le modèle financier suit aussi cette obsession de la
simplicité : les développeurs d’appli paient AppGratis pour
apparaître sur la plateforme. En janvier dernier, AppGratis
avait révélé que ce modèle lui permettait d’atteindre plus d’1
million de dollars de revenus par mois.
L’équipe AppGratis a investi de façon massive dans son expansion internationale. Après avoir lancé le service en Octobre 2010 en France, l’appli a fait son entrée dans 30 pays différents, grâce à ses bureaux dans 12 pays différents (correspondant aux 12 langues dans lesquelles le service a été traduit).
« Nous nous sommes d’abord concentrés sur l’Europe, explique Simon Dawlat. » Un an plus tard, les U.S. sont devenus son plus grand marché. Suivi par l’Europe, puis l’Amérique Latine avec le Brésil et ensuite le Japon, nous confie t’il.
Avec 100 000 nouveaux utilisateurs par jours, Simon Dawlat nous avouait alors qu’il souhaitait « accélérer [leur] croissance ».
« Nous développons à l’heure actuelle notre présence aux Etats-Unis dans l’idée que AppGratis a le potentiel pour devenir un des rares services à pouvoir atteindre 100 millions d’utilisateurs. C’est notre objectif pour les deux prochaines années, nous expliquait-il avant le retrait de l’AppStore. »
Et si le prochain marché était le monde arabe ?
Bien que l’équipe n’ait rien fait pour développer le service
dans les pays en développement et n’ait même pas adapté son contenu
à la demande locale, AppGratis compte déjà 200 000 membres au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
« AppGratis n’est pas disponible à l’heure actuelle en
arabe ou en farsi, mais le marché MENA (Moyen Orient et Afrique du
Nord) est un marché que nous estimons très intéressant, et nous
prévoyons cette année de nous développer à l’international et de
nous lancer sur d’autres marchés » nous dévoilait Simon
Dawlat.
Si AppGratis réussi se remettre sur ses pieds, le marché arabe
serait clairement un marché qui mériterait leur attention. Une
récente étude menée
par by Google sur 26 pays à travers le monde a nommé le
Moyen Orient le prochain grand marché pour les applications
mobiles.
On peut facilement comprendre pourquoi. Non seulement, les Emirats
Arabes Unis, les UAE, ont le plus fort taux de pénétration de
smartphones dans le monde, avec 62% d’utilisateurs de smartphones,
mais en plus, ils enregistrent une hausse de 18% des utilisateurs
par an !
Les 3 autres pays arabes mis en avant dans cette étude, l’Arabie
Saoudite, l’Egypte et la Jordanie, connaissent aussi une hausse
impressionnante du nombre d’utilisateurs de smartphones, à tel
point que le taux de pénétration des smartphones atteint
aujourd’hui, respectivement, 60%, 50% et de nouveau 50%. Mais, ce
qui est encore plus intéressant c’est l’engouement des arabes pour
les applis. 70% des utilisateurs libanais de smartphones les
utilisent selon l’Ipsos,
alors qu’ils sont 61.1% en Jordanie, 48% en Arabie Saoudite et 45%
aux UAE selon Google.
En dépit de ces chiffres, l’industrie des apps n’en est qu’à ces balbutiements, et les utilisateurs se tournent encore vers l’App Store ou le Market Place pour découvrir des nouvelles applis.
Si un succès international comme AppGratis venait à ouvrir un bureau local, est-ce que cela aboutirait à un changement des comportements ? Est-ce que cela pourrait conduire à une hausse des achats d’applis ? Tout cela reste à voir, mais une chose est sûre, il y a un marché à explorer.
Alors, et si c’était le temps parfait pour une startup locale de voir le jour avant qu’un mastodonte international n’envahisse le marché naissant ?